Chapelle de Quilinen / Chapel Kilinenn

vendredi 24 mai 2019

Historique, architecture, fresques, mobilier et vitraux de la chapelle de Quilinen (Kilinenn) classée Monument Historique


La chapelle de Quilinen / Chapel Kilinenn

Cette chapelle a été inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques le 5 octobre 1925 et classée Monument Historique le 9 octobre 1990.
Après un premier chantier suite à l’ouragan de 1987 le monument, extérieur et interieur ainsi que l’ensemble du mobilier (statues), a été entièrement restauré entre 2013 et 2017. Le chantier s’est achevé par une mise en état du calvaire en fin 2018.

Située au cœur du pays Glazik, Quilinen était jusqu’à la Révolution une trêve de la paroisse de Briec, disposant d’un statut particulier qui lui conférait une large autonomie. Administrativement c’est en 1893 que le territoire de la trêve de Quilinen (le bourg et 27 villages disséminés) a été intégré à Landrévarzec érigée en commune de plein exercice après un échange de territoires entre Briec et cette nouvelle commune.


Origine du nom – Orin an anv

Il semblerait, d’après Bernard Tanguy, chargé de recherche au CNRS, que le nom de Quilinen correspond à celui du saint gallois Celynin qui est honoré à Llanpumsaint ainsi qu’à Llangelynin (Pays de Galles). Llangelynin (Llan en gallois correspond à Lann en breton, la terre sacrée, ermitage, monastère) est donc l’ermitage de Celynin.


La Chapelle – Ar chapel

Historique - Istor

Il est assez probable que cette chapelle a été édifiée à l’emplacement d’une chapelle plus ancienne mais nous n’avons aucun document pour le certifier. Quoiqu’il en soit la chapelle actuelle a été construite, du moins pour le coeur et le transept, aux environs de 1480. Un écu extérieur lié à Jean de Lezpervez qui fût évêque de Kemper de 1451 à 1472 l’atteste.
Un inventaire réalisé en 1648, ainsi que divers écus encore visibles actuellement démontrent que la famille de Launay de Penn ar Yeun, liée ensuite à la famille de Kerguelen, a été au centre du financement de cet édifice. Mais les plus petits seigneurs des manoirs alentour, ceux de Rulazaroù (la famille de Boixière), de Lanneg, de Lezoudeved, de Lestudored et de Kerlestreg (d’après l’acte de réformation de 1426) ont eux aussi dû y contribuer pour partie. Les clés de voûtes laissent penser que la famille de Rohan ainsi que le Duc de Bretagne y ont également participé.

Architecture – Ti-savouriezh

Chapelle de Quilinen

L’édifice comporte une nef à trois travées avec un bas-côté au nord et un chœur de deux travées à chevet plat. Au nord de celui-ci, on trouve une chapelle en aile à deux travées avec bas-côté occidental, formant faux transept.
L’arcade fortement moulurée qui sépare la nef du chœur pénètre directement dans deux piliers massifs avec contreforts extérieurs et escalier qui indiquent l’emplacement du clocher initial aujourd’hui disparu. Le petit clocher actuel date, lui, de 1868.
La nef et le bas-côté sont couverts de charpentes à chevrons formant fermes et lambris.
Le chœur et la chapelle sont voûtés sur croisées d’ogives dont les clefs sont marquées d’armoiries (mouchettes d’hermines et mâcles).

Les fresques – ar murlivadurioù

Les murs et les voûtes de la chapelle sont couverts de peintures murales réalisées pour une bonne part en 1621 tel qu’indiqué dans un cartouche par le peintre. Ces peintures naïves représentent des motifs géométriques et floraux réalisés dans des tons ocre et rouge essentiellement. Ces peintures étaient cachées sous de multiples badigeons de chaux jusqu’à ce chantier récent ce qui explique leur excellent état de conservation. Ces fresques participent par leurs couleurs à l’atmosphère si apaisante de l’édifice.

Le mobilier – An delwennoù

St Yves entouré du riche et du pauvre

Le mobilier est principalement composé de statues qui pour la plupart sont classées Monuments Historiques ainsi que d’un très beau maître-autel à pavillons en bois sculpté et peint.
Les statues ont été restaurées en 2016. Elles sont pour la plupart du XVIème siècle : St Yves entouré du Riche et du Pauvre (en bois), St Cadoc (en pierre calcaire), St Roch (en bois), St Sébastien (en bois), la Vierge de l’Annonciation avec deux anges (pierre calcaire), un saint évêque (en bois), Ste Anne (en bois), le Christ de l’Ascension (en bois), N.D. de Quilinen, une vierge couronnée et son enfant (en pierre calcaire), St Gwenole (en granit), St Corentin sculpté par H. Saliou en 2010 (en bois), la poutre de gloire avec le Christ en croix, la Vierge et St Jean (en bois) et enfin la Déploration, un groupe de six personnages (en bois).

Les vitraux – Ar gwer livet

Autrefois toutes les baies étaient garnies de riches vitraux dont nous avons la description minutieuse dans un inventaire de 1648. Les soufflets aux tympans des différentes baies contenaient les écussons armoriés de différentes familles : Launay de Penn ar Yeun, Kerguélen, Quistinic, La Roche… Sur les panneaux verticaux étaient représentés des chevaliers et demoiselles agenouillés.
L’abbé Favé qui commente le procès-verbal de 1648 dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère de 1898 (P 14-29) nous dit : "Ces vitraux ont complètement disparu, il y a sept ans environ un brocanteur en emportait les derniers vestiges".
En 2017, une fois retrouvé l’ensemble des fresques ayant franchi les siècles, un concours national a été lancé à l’issu duquel le chantier des nouveaux vitraux de la chapelle a été confié à Antoine Le Bihan, maître-verrier de Quimper (en association avec l’atelier du vitrail de Limoges). Les nouveaux vitraux s’intègrent parfaitement avec les couleurs des fresques. Bien que d’inspiration ancienne, l’artiste s’étant inspiré pour partie du texte de 1648, les formes choisies sont résolument contemporaines. Les huit nouveaux vitraux participent à créer une ambiance apaisée à l’intérieur de cet édifice.